En effet, son père Adalric, duc d'Alsace et son épouse avaient attendu avec impatience la naissance de leur premier enfant. Adalric surtout, espérait un fils. Aussi fut-il doublement déçu en apprenant que son enfant était une fille, et de surcroît, une fille aveugle. A cette époque, la naissance d'un enfant infirme, surtout dans une famille noble, était regardé comme une honte. Il laissa la rage s'exhaler de son âme et ordonna que l'enfant fût égorgée sur l'heure, ou tout au moins reléguée pour toujours dans une retraite lointaine où personne ne pourrait soupçonner son origine. Ni les supplications, ni les larmes de Béreswinde, sa mère, ne purent fléchir l'inexorable père ; la duchesse dut céder et confia sa fille au Monastère de Palma, où il trouverait une jeune fille aveugle, devrait la baptiser et lui donner le nom d'Odile pour qu'elle recouvre la vue. Il remplit fidèlement les ordres de Dieu. Les yeux d'Odile s'ouvrirent à la lumière, et c'est peut-être à ce moment qu'elle forma le voeu de consacrer sa vie à Dieu. Mise au courant des circonstances de sa naissance, Odile souhaita ardemment retourner auprès de ses parents, mais Adalric ne voulut pas consentir à la la revoir. Son frère Hugues, fit revenir Odile, persuadé que sa seule présence saurait lui ramener les faveurs paternelles. Bien lui en prit !

Sur notre actuel Mont Sainte Odile, Adalric avait restauré un ancien castel romain ; c'est là qu'il accueillit Odile avec bonté. Mais la pieuse enfant était peu faite pour la vie bruyante d'une cour et souhaita retourner à son cher monastère de Palma. Elle dut y renoncer, l'ambition de ses parents ne s'accommodant pas d'une destinée aussi obscure. Elle s'enfuit du château paternel, poursuivi par le duc Adalric. La légende dit qu'alors, Dieu permit qu'un rocher s'entr'ouvrit laissant passer la fugitive ; son père témoin de ce miracle s'engagea à  respecter la vocation d'Odile si elle consentait à revenir à Hohenbourg, ce qu'elle fit. Pour réparer ses torts passés, il voulut que sa forteresse de Hohenbourg devint le premier monastère de femmes en Alsace. La bonté et la bienfaisance de la sainte abbesse attirait les pauvres et les malades en foule à Hohenbourg. C'est là qu'Adalric et Béreswinde vinrent finir leur vie. Le 13 décembre 1720, Sainte Odile s'éteint paisiblement.

Aujourd'hui encore, le Mont Saint Odile est un pèlerinage très fréquenté et un haut de lieu de la vie spirituelle.